Un « emblĂšme numĂ©rique » pour protĂ©ger certaines entitĂ©s de la cyberguerre. Câest en substance ce que propose la Croix-Rouge dans un rapport publiĂ© dĂ©but novembre. Lâorganisation internationale imagine ainsi dupliquer dans le cyberespace un usage qui a dĂ©jĂ cours depuis des dĂ©cennies sur les champs de bataille physiques : signaler sites et opĂ©rations humanitaires pour Ă©viter que les belligĂ©rants ne les agressent, et ainsi soulager un peu les populations civiles plongĂ©es au cĆur de conflits qui les dĂ©passent. Bien sĂ»r, on peut douter de la bonne volontĂ© des (cyber-)combattants pour le respect dâun tel emblĂšme. AprĂšs tout, la guerre et la criminalitĂ© dĂ©passent dĂ©jĂ largement les bornes de lâacceptable et du bon sens : les hĂŽpitaux sont bien placĂ©s pour le savoir. Mais lâidĂ©e envoie malgrĂ© tout un message : nous devons aussi construire des modes dâinteraction pour les pires situations qui pourraient survenir dans et avec le numĂ©rique. Le droit international est un Ă©difice fragile en recomposition, qui subit rĂ©guliĂšrement des coups de boutoir, du fait des dĂ©sirs souverains et de la « raison dâEtat », mais il est aussi un moyen dâavoir un dĂ©nominateur commun de rĂ©fĂ©rence entre des parties prenantes qui pensent le monde diffĂ©remment. Alors que la premiĂšre Ă©dition amĂ©ricaine du Forum International de la CybersĂ©curitĂ© sâest tenue Ă MontrĂ©al la semaine passĂ©e (lâoccasion pour les entreprises françaises qui y Ă©taient de constater que la culture numĂ©rique et cyber est souvent diffĂ©rente outre-Atlantique), et que la European Cyber Week se tiendra en Bretagne la semaine prochaine, tous les experts ont le regard tournĂ© vers lâavenir des conflits. Les craintes et consĂ©quences dâun « Far West » numĂ©rique, sans foi ni loi, ont Ă©tĂ© remises au goĂ»t du jour par la modernitĂ© technologique de la guerre en Ukraine. Et dans ce cadre, toute proposition qui pourrait remettre lâaccent sur lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral mĂ©rite donc dâĂȘtre Ă©tudiĂ©e attentivement.
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